L'histoire du Café Breton, siège des Compagnons du Devoir suite...
Dans la première partie de cette histoire, nous avons vu que le café Breton avait été fondé au milieu du XIXe siècle par un compagnon doleur nommé Nicolas Toussaint BRETON dit Blois la Prudence (1819-1897). Son gendre, Ferdinand LEGEAY, dit Manceau la Belle Conduite (1857-1840) perd son épouse en 1889. Deux ans plus tard, le 2 février 1891, il se remarie avec Marie PASGE (Pasgé).
Les époux LEGEAY bénéficient à l’aube du XXe siècle d’un emplacement idéal, devant les halles de Tours. L’établissement n’est pas qu’un café, c’est aussi un restaurant et un hôtel pourvu de dépendances au n°9, avec des remises et des écuries. Et des caves renommées, considérées comme parmi les plus riches en vieux crus tourangeaux !
Le café Breton est attractif. Presque tous les compagnons de différentes corporations, jusqu’alors dispersées, vont progressivement y établir leur siège.
Les premiers sont les cordonniers-bottiers. Ils quittent leur Mère du 11, rue de la Serpe (Mme CRITEAU) et s’installent au café Breton en 1895. Mme LEGEAY devient leur Mère. En 1902, c’est au tour des tonneliers-doleurs, qui étaient en face, au 6, place Saint-Clément (place des Halles), chez Mme RICHE. En 1903, les menuisiers quittent leur siège du 5, rue Victor-Hugo. Tout comme les serruriers, qui étaient 6, place Saint-Clément. En 1905, ce sont les compagnons tisseurs-ferrandiniers qui partent du 32, quai Saint-Symphorien (Paul-Bert) pour venir chez le Père et la Mère Legeay.
Enfin, en 1908 est fondée l’Alliance compagnonnique tourangelle, pour fédérer les compagnons du Devoir, créer une société protectrice d’apprentis et aménager un musée compagnonnique. Tout naturellement l’Alliance fixe son siège au 13, place des Halles.
Pour le moment, les charpentiers, les couvreurs, les charrons, les maréchaux, les bourreliers et les boulangers ont des sièges indépendants (rue Colbert, de la Grosse-Tour, Ragueneau, place de la Croix-Blanche, rue du Commerce et de la Serpe).
Après la Grande Guerre, les époux Legeay estiment qu’il est temps de prendre un peu de repos. Ils sont âgés de 63 et 60 ans. Et en 1920, c’est encore un compagnon tonnelier-doleur qui leur succède. Qui plus est, on reste en famille puisqu’il a épousé la nièce de la Mère LEGEAY. Il se nomme Georges GOURRAUD. Né en 1889 à Rochecorbon (37), il a été reçu compagnon à Tours, à la St-Jean 1908 sous le nom de Tourangeau l’Amitié. Mme Rose-Marie GOURRAUD devient la Mère des compagnons précités. Hélas, le café Breton n’est pas tenu bien longtemps par les époux GOURRAUD puisque Georges décède en septembre 1921 des suites de maladie contractée durant la Grande Guerre. Il n’était âgé que de 32 ans.
Et c’est un quatrième compagnon tonnelier-doleur qui lui succède. A nouveau, la cession du fonds s’opère en famille puisqu’il s’agit de Philippe GOURRAUD, frère du précédent Père des compagnons. Né en 1885 à Saint-Symphorien, Philippe GOURRAUD a été reçu à Tours, à la St-Jean 1904, sous le nom de Tourangeau Va Sans Crainte. Son épouse Yvonne prend aussitôt le titre de Mère des compagnons du Devoir (tonneliers, cordonniers, menuisiers, serruriers, tisseurs). A la Ste-Catherine 1922 les compagnons charrons viennent aussi s’établir chez elle.
Le couple tient l’établissement jusqu’en 1932 et le fonds est ensuite repris par les époux CHENET.
Une autre période débute alors, qui sera contée dans la prochaine lettre d’information…