XIXe siècle
Au XIXe siècle, le Compagnonnage est confronté à l’essor de l’industrie, à la baisse de ses effectifs et imagine un mouvement plus uni. Sous l’Empire, les compagnonnages sont toujours interdits mais, à défaut de pouvoir en empêcher l’existence, les autorités se contentent de les surveiller étroitement et d’empêcher leurs « coalitions » (grèves et mises en interdit). Les rixes entre sociétés rivales reprennent de plus belle.
Les compagnonnages apparaissent au début du XIXe siècle comme la seule forme d’association de défense des ouvriers et plusieurs métiers s’organisent selon ce modèle. Il en est ainsi des cordonniers (1808), des sabotiers (1809) et des boulangers (1811). Ils sont rejetés par les autres compagnonnages du Devoir. Des scissions se produisent au sein du Devoir chez les boulangers, les cordonniers, les charpentiers, les tonneliers. Les nouvelles sociétés fondées rejoignent le Devoir de Liberté. Ces querelles et ces scissions affaiblissent peu à peu le compagnonnage.
La révolution industrielle, l’introduction des machines, réduisent au cours du siècle les effectifs de nombreux métiers, particulièrement dans le secteur des textiles (teinturiers, toiliers, tondeurs de drap, chapeliers), mais aussi celui des tanneurs, blanchers-chamoiseurs, fondeurs, couteliers…
Le tour de France, désorganisé sous la Révolution, comporte moins de villes de passage. Des innovations d’ordre rituel apparaissent dans la plupart des sociétés. Beaucoup sont issues de la franc-maçonnerie, qui séduit les compagnons par son prestige, ses rites et ses symboles.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le compagnonnage décline. Ses effectifs diminuent car beaucoup d’ouvriers préfèrent s’affilier à d’autres sociétés, qui leur procurent les mêmes secours, mais qui sont moins « mystérieuses », contraignantes et batailleuses : les sociétés de secours mutuels puis, après 1864, les chambres syndicales.
Plusieurs compagnons tentent d’apaiser les tensions entre compagnonnages du Devoir et du Devoir de Liberté. Ils ont conscience que ces querelles les affaiblissent. Le plus connu d’entre eux est un compagnon menuisier du Devoir de Liberté nommé Agricol PERDIGUIER dit Avignonnais la Vertu (1805-1875). Il publie en 1839 le Livre du Compagnonnage et ses Mémoires en 1855.
Peu à peu, les sociétés compagnonniques, jadis uniquement composées de jeunes gens, font appel aux anciens compagnons sédentaires, mariés et établis, pour diriger leur société. Ces anciens forment des mouvements parallèles qui rassemblent des compagnons du Devoir et du Devoir de Liberté.
Entre les années 1860 jusqu’en 1889 se créent des sociétés d’anciens compagnons réunis. Elles se fédèrent, se réunissent en congrès, s’organisent en une Fédération Compagnonnique de tous les Devoirs réunis puis en une Union Compagnonnique (1889). L’organisateur de ce mouvement de réforme et de progrès est Lucien BLANC, un compagnon bourrelier-harnacheur, dit Provençal le Résolu (1823-1909).
L’Union ne parvient cependant pas à rassembler tous les compagnonnages. Certains conservent leur indépendance et se rassemblent sous l’égide du « Ralliement des compagnons restés fidèles au Devoir ».
Plus pacifiques (les rixes deviennent rares après 1850), les compagnons sont aussi moins offensifs envers leurs patrons. Désormais minoritaires au sein du monde ouvrier et membres de sociétés composées de jeunes salariés et d’employeurs, ils n’organisent presque plus de grèves ni de mises en interdit après 1880, ou participent seulement à titre individuel à des mouvements déclenchés par les syndicats.