CONFÉRENCE : Le Devoir de Liberté et ses sociétés
Conférence du 16 mai 2008, présentée par Jean PHILIPPON, Bordelais la Constance, Compagnon cuisinier des Devoirs Unis.
La dénomination « D devoir de Liberté » n’est plus usitée aujourd’hui que par une seule société compagnonnique, celle des Compagnons et affiliés menuisiers, serruriers et ébénistes, dits aussi « Gavots ». Mais il y un siècle et plus, le Devoir de Liberté comptait beaucoup d’autres hommes de métiers différents : des charpentiers, des couvreurs, des tonneliers, des tailleurs de pierre, des cordonniers, des boulangers… La genèse de ces groupements est souvent obscure et leur évolution sur deux ou trois siècles a connu des éclipses, des renaissances et des disparitions. Tous présentent des affinités, des points communs, mais pas forcément une filiation identique. Ils ne se sont d’ailleurs pas toujours dénommés compagnons du Devoir de Liberté et ils ne se sont pas forcément « reconnus » entre eux, bien qu’ils aient tous eu le sentiment d’appartenir à une même famille spirituelle. Leur principale caractéristique est qu’ils s’affirment tous différents des compagnons du Devoir. Leur volonté d’être « autres » a présidé à leur naissance ou a renforcé leur cohésion au fil des ans face aux Devoirants qui ne les ont pas ménagés. Un autre élément identitaire est presque toujours présent chez les uns et les autres, c’est la référence à Salomon.
La dénomination même de « D devoir de Liberté » surprend. Elle associe des notions qui semblent contradictoires : la Liberté, tout le monde comprend ce que cela veut dire, mais pourquoi l’associer au mot Devoir qui, lui, évoque la contrainte, l’obligation, la discipline ? En fait, le mot Devoir était initialement un terme juridique, définissant au Moyen Age le lien d’allégeance existant entre les ouvriers et leur maître. Il est signalé au XIIIe siècle, à Troyes. Il est repris, à une époque indéterminée, par les compagnons de divers métiers pour définir tout ce qui caractérise leur association (serment, règles, traditions, rites, légendes) et il est quasi synonyme de « compagnonnage » (on disait d’ailleurs « le Devoir » de tel ou tel métier, avant d’user du mot « compagnonnage », apparu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle). De sorte que le les mots « D devoir de Liberté » équivalent à « Compagnonnage de Liberté ».
Le mot « D devoir » est ainsi devenu étroitement associé au mot « compagnon » et c’est pourquoi, soit en le revendiquant, soit en le rejetant, tous les compagnons l’ont employé sous une forme ou une autre : du Devoir, Non du Devoir, du Devoir de Liberté, de l’Ère Nouvelle du Devoir, des Devoirs Unis, des Devoirs. Il est même si attractif que des groupements qui ne l’employaient pas à l’origine, pour se distinguer des compagnons du Devoir, ont fini par l’intégrer dans leur dénomination (on le verra avec les renards de Liberté et les sociétaires boulangers).
Passons à présent en revue les différents compagnonnages du Devoir de Liberté, terme générique, je le rappelle, qui n’a pas forcément été repris par toutes les sociétés.
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Le Devoir de Liberté et ses sociétés
Vous pouvez retrouver cette conférence dans les Fragments d'histoire du Compagnonnage n°11
Grand chef-d'œuvre des Compagnons Menuisiers du Devoir de Liberté, dite "chaire des Gavots"