Origines
Il existe plusieurs hypothèses sur l’origine des compagnonnages. Elles ne sont pas toutes applicables à l’ensemble des corps de métiers. En ce qui concerne les tailleurs de pierre, il est possible que leur organisation en compagnonnage soit intervenue assez tôt : la construction des grands édifices nécessitait une main d’œuvre qualifiée que les architectes allaient chercher bien au-delà des chantiers. Le déplacement des ouvriers à travers le Royaume et parfois à l’étranger aurait ainsi développé l’assistance mutuelle, entraîné la mise en place de relais lors de leurs déplacements et aurait imposé des rites de reconnaissance et de réception.
Un constat : l’émergence historique de la plupart des compagnonnages intervient à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne. Cette période est caractérisée par de profondes transformations économiques, sociales, religieuses et politiques.
Il est possible que les communautés de métiers (ou corporations) aient délaissé leurs obligations charitables envers les ouvriers de passage, ce qui les auraient conduits à s’organiser en associations distinctes des communautés.
Selon une autre hypothèse, les compagnonnages se seraient constitués pour permettre aux ouvriers, qui ne pouvaient pas accéder à la maîtrise en raison des droits très élevés imposés par les maîtres, d’aller chercher meilleure fortune ailleurs. S’entraidant pour défendre leurs salaires, les compagnons auraient fondé des associations analogues aux syndicats.
Une autre hypothèse établit un parallèle entre les compagnonnages et les sociétés de jeunesse de l’Ancien Régime : ce serait pour passer de l’adolescence à l’âge adulte que ces groupements de jeunes ouvriers auraient imaginé le voyage et surtout des rites de passage.
On a également reconnu des similitudes entre les confréries religieuses et les anciens compagnonnages : ils pourraient n’avoir été à l’origine qu’une forme de confrérie destinée à promouvoir l’exercice d’un métier en application des préceptes chrétiens et à pratiquer la charité envers les jeunes compagnons lors de leurs déplacements. Aucune de ces hypothèses ne contredit les autres et, selon les époques et les métiers, les différents compagnonnages ont pu se constituer pour l’une ou l’autre de ces raisons.