Le perfectionnement professionnel
L’un des buts du Compagnonnage est d’assurer un perfectionnement professionnel aux jeunes ouvriers à leur sortie d’apprentissage. Le travail assidu, l’acquisition de nouvelles techniques et tours de mains, l’élargissement des connaissances de base à d’autres disciplines, sont encouragés. Il s’agit pour un compagnon de toujours essayer de faire mieux.
Le perfectionnement dans le métier s’opère aujourd’hui de trois façons. D’une part en travaillant dans plusieurs entreprises et dans diverses régions durant des périodes de six mois à un an, et ce durant cinq, six voire dix ans (c’est le tour de France). D’autre part, au siège des compagnons de la ville où ils résident, en suivant des cours dispensés par des compagnons ou des formateurs extérieurs, dans leur métier ou dans d’autres disciplines (mathématiques, français, langues étrangères). Enfin, en passant, parallèlement à leur formation chez les compagnons, des examens professionnels tels que le Brevet professionnel, le Brevet de maîtrise, le Baccalauréat professionnel, etc.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la durée de l’apprentissage était longue (de quatre à six ans) et les jeunes gens qui désiraient se perfectionner dans leur métier étaient déjà pourvus de solides bases. Le passage d’un atelier ou d’un chantier à un autre leur permettait d’acquérir de nouveaux tours de mains et de connaître de nouveaux procédés, mais le développement de leurs connaissances reposait avant tout sur leur volonté d’apprendre par eux-mêmes. Cependant, dans les métiers du bâtiment, les futurs compagnons et les jeunes reçus apprenaient aussi le Trait.
On désigne sous ce mot la technique de dessin des volumes, en taille de pierre, charpente et menuiserie. Cette discipline complexe était enseignée par d’anciens compagnons qui ouvraient des écoles de l’automne au printemps, période durant laquelle, faute de lumière, les chantiers se terminaient tôt dans la journée. Auprès de leurs professeurs, les jeunes apprenaient durant plusieurs années la stéréotomie ou « coupe des pierres », ou l’art du trait de charpente et du trait de menuiserie, analogues à la géométrie descriptive.
La plus célèbre école de trait fut celle de Pierre-François Guillon, compagnon charpentier du Devoir de Liberté, ouverte à Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire) de 1871 à 1923 (aujourd’hui musée départemental du Compagnonnage).
Dès la fin du XIXe siècle, les compagnons se sont aussi intéressés à la formation des apprentis, domaine dont ils ne s’occupaient guère auparavant. Ils ont mis en place des « sociétés protectrices des apprentis » (à Tours, Lyon, Villeneuve-sur-Lot…) afin de leur permettre de trouver de bons maîtres d’apprentissage. Ils ont créé des cours professionnels à leur intention, qui étaient les précurseurs de ceux des C.F.A. d’aujourd’hui.