Le perfectionnement moral
Le Compagnonnage n’a pas seulement pour but d’assurer un perfectionnement professionnel à ses membres. Il est aussi destiné à les éduquer et donner un sens à sa vie. Autrefois, les « Règles » et les « Devoirs », les règlements affichés chez l’aubergiste où les compagnons se réunissaient, comportaient de nombreux articles visant à assurer la cohésion du groupe et à développer les valeurs morales de ses membres.
Ces règles de politesse et de vie commune se sont perpétuées aujourd’hui, même si les règlements semblent moins contraignants et si les fautes ne se soldent plus systématiquement par des amendes. L’exigence de moralité, de respect, d’honnêteté, les vertus de persévérance, d’effort, loyauté, franchise, maîtrise de soi, demeure essentielle au sein du Compagnonnage.
Sous peine d’amendes versées à la « boîte » (la caisse commune), ou de bouteilles de vin, il était interdit de se quereller, de médire des compagnons, de mal se tenir, de manquer de respect au Père et à la Mère (les aubergistes), de dégrader leurs meubles, de conserver son chapeau en entrant chez eux, d’y venir dans une tenue sale et en vêtements de travail, de jurer, de cracher, de chanter des chansons vulgaires, etc, etc. Toutes ces obligations tendaient à faire des jeunes compagnons des hommes éduqués, honnêtes, dignes dans leur atelier et dans la société.
A titre d’exemple, voici le texte du règlement des compagnons boulangers de Saumur, tel qu’il était exposé chez la Mère en 1842. On remarquera que les amendes se payent systématiquement en bouteilles de vin et que la multiplicité des fautes prévues suppose qu’il y avait fort à faire avec certains jeunes gens…