L'objet "coup de coeur" de Cédric, chargé d'accueil et de l'entretien des oeuvres
L'escalier à quatre départs (aussi appelé par le Compagnon son « Échelle »)
Chef-d’œuvre de Marcel CONSTANTIN dit Angoumois la Fidélité reçu Compagnon Charpentier des Devoirs Unis en 1929. Cette maquette n'est pas son chef-d’œuvre de réception.
Ce fut un choix assez difficile tant il y a de très belles réalisations au musée. Si je me suis orienté vers celle de ce compagnon, c'est pour l’œuvre et l'histoire exceptionnelle de Marcel CONSTANTIN, captif d'un camp disciplinaire en Allemagne de 1940 à 1945. Cette maquette fut réalisée dans ce camp, le soir, après de pénibles journées de pose de rails à la main et de réparations de wagons. Elle fut terminée au bout de 7 mois d'évasions intellectuelles et manuelles, d'avril à novembre 1943, après pas moins de 1000 heures de travail.
Cet escalier est inspiré d'un souvenir de son enfance, passé avec son père à Bordeaux lors de la visite du paquebot le Massilia, où se trouvait un escalier similaire. Pour entreprendre et confectionner ce majestueux et élégant escalier en noyer, il a dû en réaliser les plans. Il lui a aussi fallu façonner ses propres outils avec des matériaux de récupération.
La maquette est présentée sur un miroir de forme carrée. Les deux portes doubles se faisant face, sous les escaliers, épousent les courbes de ces derniers. Elles sont en bois de noyer, ajourées de verre et munies d'une barre de tirage en métal argenté. L’escalier à quatre départs est de forme légèrement arrondie en deux sens, et muni d'un garde-corps et de sa main courante, surmontée d'une tête de départ en métal argenté.
Sur le second niveau, un palier parqueté aux lames de différents coloris, est décoré d’une étoile en son centre. Sur cette base octogonale, une seconde volée de quatre escaliers donne une continuité avec le même détail que le précédent. Vu du dessus, au niveau du garde-corps de l'escalier à quatre arrivées, cela donne l'impression de voir un trèfle à quatre feuilles.
Bravo si vous êtes arrivés jusqu'ici, vous avez suivi le chemin de son évasion, sinon vous vous êtes égarés, ou bien, moi-même je me suis perdu, sur ce parcours multiple.
« L'Échelle » du compagnon CONSTANTIN a été libérée avec son consentement par le général allemand commandant du camp. Il dut attendre presque deux ans pour la retrouver à Paris, au Grand-Palais.
Respect à cet homme à qui tout manquait, sa liberté, sa famille, les moyens techniques pour ce petit bijou, que nous pouvons apprécier encore aujourd'hui.
M. Marcel CONSTANTIN a déposé au musée son escalier à quatre départs en juillet 2004 à la suite d'une inauguration en son honneur.
L'escalier à 4 départs vu du dessus